Sanction du non respect du délai légal de signification pour notifier un jugement

Publié le Modifié le 10/11/2017 Vu 608 009 fois 575
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Outre son rôle d’information, la notification du jugement à l’égard des parties au procès est essentielle en ce qu’elle conditionne d’une part, la possibilité de faire exécuter le jugement et, d’autre part, le point de départ du délai de recours en appel.

Outre son rôle d’information, la notification du jugement à l’égard des parties au procès est essentie

Sanction du non respect du délai légal de signification pour notifier un jugement

La procédure d'exécution des décisions de justice est strictement encadrée par le code de procédure civile qui fixe notamment des délais.

Divers délais et situations sont ainsi fixés par le législateur pour notifier aux parties les décisions de justice ou pour initier un recours à leur encontre.

L’article 651 alinéa 1er du code de procédure civile dispose que :

« Les actes sont portés à la connaissance des intéressés par la notification qui leur en est faite ».

Une fois prononcé, un jugement n’est pas automatiquement porté à la connaissance des parties au procès par la juridiction qui en est l'auteur mais doit être signifié par voie d'huissier de justice.

A cet égard, l’article 503 du code de procédure civile dispose que :

« Les jugements ne peuvent être exécutés contre ceux auxquels ils sont opposés qu'après leur avoir été notifiés, à moins que l'exécution n'en soit volontaire. »

Le 29 janvier 2004, la Cour de cassation a déclaré que « les jugements, même passés en force de chose jugée, ne peuvent être exécutés contre ceux auxquels ils sont opposés qu'après leur avoir été régulièrement notifiés, à moins que l'exécution n'en soit volontaire » (Cass. Civ. II, 29 janvier 2004, n° 02-15219).

Autrement dit, la notification du jugement par voie d'huissier de justice est une condition préalable à son exécution forcée.

En outre, l’article L. 111-4 alinéa 1er du code des procédures civiles d’exécution dispose que :

« L'exécution des titres exécutoires mentionnés aux 1° à 3° de l'article L. 111-3 ne peut être poursuivie que pendant dix ans, sauf si les actions en recouvrement des créances qui y sont constatées se prescrivent par un délai plus long ».

Il en résulte que la notification du jugement doit être obligatoirement effectuée dans le délai légal de 10 ans à compter de son prononcé.

A défaut, la partie condamnée pourra opposer cet argument en défense afin d'empêcher l’exécution forcée du jugement.

Par ailleurs, il convient de souligner que le délai de notification du jugement est différent lorsque le jugement est rendu par défaut ou réputé contradictoire.

En effet, l’article 478 alinéa 1 du code de procédure civile dispose que :

« Le jugement rendu par défaut ou le jugement réputé contradictoire au seul motif qu'il est susceptible d'appel est non avenu s'il n'a pas été notifié dans les six mois de sa date ».

Autrement dit, si le jugement a été rendu par défaut ou est réputé contradictoire au seul motif qu’il est susceptible d’appel, le délai de notification est de 6 mois à compter du prononcé du jugement.

Le jugement est rendu par défaut lorsque, de manière cumulative :

  • le défendeur ne comparaît pas ;

  • la décision est rendue en dernier ressort ;

  • la citation en justice n’a pas été délivrée à personne.

Le jugement est réputé contradictoire lorsque, de manière cumulative :

  • le défendeur ne comparaît pas ;

  • la citation en justice a été délivrée à personne ou la décision est susceptible d’appel.  

A défaut de notification dans ce délai, le jugement sera non avenu et de nul effet et le défendeur pourra valablement et utilement s’opposer à la tentative d’exécution forcée du jugement devant le juge de l'exécution.

Enfin, selon l’article 528 du code de procédure civile :

« Le délai à l'expiration duquel un recours ne peut plus être exercé court à compter de la notification du jugement, à moins que ce délai n'ait commencé à courir, en vertu de la loi, dès la date du jugement .

Le délai court même à l'encontre de celui qui notifie ».

A cet égard, le 3 mai 2007, la Cour de cassation a rappelé que ce délai de recours « part de la notification à la partie elle-même », si tant est que la notification soit régulière (Cass, Civ II, 3 mai 2007 n°06-10949).

Toutefois, ce droit d’exercer un recours est limité dans le temps.

En effet, l’article 528-1 du code de procédure civile dispose que :

« Si le jugement n'a pas été notifié dans le délai de deux ans de son prononcé, la partie qui a comparu n'est plus recevable à exercer un recours à titre principal après l'expiration dudit délai.

Cette disposition n'est applicable qu'aux jugements qui tranchent tout le principal et à ceux qui, statuant sur une exception de procédure, une fin de non-recevoir ou tout autre incident, mettent fin à l'instance ».

Bien que techniques et complexes, ces règles de procédure permettent dans certains cas d'empêcher l'exécution des décisions de justice par les créanciers poursuivants et de sauver certaines situations de débiteurs pourtant en principe condamnés. 

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

Anthony Bem
Avocat à la Cour
27 bd Malesherbes - 75008 Paris

01 40 26 25 01
abem@cabinetbem.com

www.cabinetbem.com

Vous avez une question ?
Blog de Anthony BEM

Anthony BEM

249 € TTC

1435 évaluations positives

Note : (5/5)

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Maitre Anthony Bem
07/11/2017 23:46

Bonjour Louis,

Il n’est pas possible juridiquement d’obliger un adversaire à signifier un arrêt de cour d'appel.

La signification est faite par la partie la plus diligente ou celle qui y a le plus intérêt.

Il est de toutes les façons impossible d'éviter que l'adversaire ne tente de faire signifier la décision de justice à la dernière adresse connue pour obtenir un « PV 659 » et faire courir les délais de recours dans votre dos le cas échéant.

Cordialement.

2 Publié par Visiteur
08/11/2017 10:27

Bonjour Maître,

Est-il possible alors d'obtenir la grosse auprès de la cour d'appel et la signifier soit-même à l'adversaire pour faire jouer les délais de recours?
En clair chaque des parties peu importe qu'elle succombe ou non a-t-elle le droit de signifier l'autre.
Et si oui, les délais de recours commencent-ils à courir dès la signification du jugement?

Cordialement

Merci

3 Publié par Visiteur
08/11/2017 21:31

Bonsoir Maître,
La banque vient m'adresser le courrier m'informant de la saisie ,mais je leur ai adressé l'attestation du receveur des finance indiquant le montant insaisissable de mon salaire qui est supérieur au RSA laissé à ma disposition,mais aucune restitution ce jour alors que je pensais que c'était immédiat,que puis je faire
Aucune somme n’étant saisissable ,ils doivent me restituer les 615 e qu'ils ont retiré de mon compte
mais leur courrier indique que le coût de cette saisie sera de ...100e?Puis je contester ces frais?
Concernant les huissiers ,je leur ai demandé par mail copie intégrale de la signification de saisie attribution avec intégralité de l'ordonnance exécutoire de 2011 qui a rendu légale cette saisie,et depuis rien non plus,comment faire pour l'obtenir rapidement afin de rédiger l'assignation au jex(en longue maladie,je ne peux me déplacer)
Enfin ,je viens de retrouver la signification de l'ordonnance de l'époque (2010)pas encore rendue
exécutoire émise par un premier huissier avec comme créancier banque accord
le document joint à la signification de la saisie attribution du 31/10/2017 est rédigé par un huissier différent,pas de problème,sauf que le créancier est Oney et que la copie jointe ressemble à un montage,sur cette ordonnance de 2011,le créancier est toujours accord ,mais figure un mandataire ,huissier, encore différent
Vous m'avez confirmé lier que le nom du créancier devait être identique,mais qu'en est il si entre 2010 et 2017 il a changé de raison sociale ? est ce quand même contestable?
Enfin le fait d'avoir eu un plan de surendettement que j'ai honoré de 8/2011 à 3/2016 et en défaillance depuis suite a une longue maladie ,les ordonnances exécutoires de l'époque qui se sont vu inopérantes par jugement à l'époque sont elle toujours valables en l'état de 2010 ou doivent elles être actualisé avec les soldes encore du après ces 5 années de remboursements?
Encore un méga merci pour votre bienveillance
Monique

4 Publié par Maitre Anthony Bem
09/11/2017 08:06

Bonjour momo55,

Il n’y a aucun intérêt à contester une tentative de saisie bancaire qui n’a donné lieu à aucune saisie de fonds.

En principe, il n’y a pas d’intérêt à payer pour les dettes prises en compte par la commission de surendettement dans le cadre de son plan, ni d’actualisation à faire à ce titre.

Cordialement.

5 Publié par Visiteur
09/11/2017 15:21

Encore merci

Savez vous quel est le délai légal(si toutefois il y en a un)dont dispose la banque pour restituer la portion insaisissable du salaire (moins le RSA )aprés qu'on a lui adressé le justificatif de l'employeur(pour moi le 6/11-saisi du 31/10)
Au téléphone,ils sont incapable de ma répondre,
Est ce de suite,ou à la fin des 15 jour de blocage du compte?
Et s'il ne le font pas que dois je faire et sous quel délai?
Dur dur d'être un "saisi" :-(

6 Publié par Visiteur
13/11/2017 14:25

Bonjour Maître,

Séparée de mon ancien conjoint avec qui j ai eu un enfant, j'ai saisi le juge afin de faire homologuer un protocole d entente relatif à la gardeur de notre enfant établi par un médiateur familial. Le jugement à été rendu par le juge en ne tenant pas uniquement compte du protocole.

Je ne suis pas d'accord avec ce jugement mais jai dépassé le délai pour faire appel.(cela va bientôt faire 5 mois depuis la date de rendu de jugement.) Le juge a accéder aux demandes demandes et mon ex alors que c est moi qui ai saisi le juge.

Je souhaiterai savoir ce que j encours à ne pas l adresser à mon ex par huissier. Ce jugement a t il quand meme une valeur? Mon ex a déjà reçu le jugement par e-mail uniquement de ma part. Mon ex Peut il me contraindre à respecter ce qui est notifié dans le jugement?
Cela peut il m etre préjudiciablë?

Je vous remercie par avance de vos réponses et votrès grande aide.

Cordialement

7 Publié par Maitre Anthony Bem
13/11/2017 16:58

Bonjour Idefix974,

Afin de me permettre de prendre connaissance de votre situation personnelle en détail et de disposer de toutes les informations nécessaires pour vous répondre en toute connaissance de cause, je vous propose de me contacter en privé pour une consultation.

A cet égard, je vous invite à choisir l’une de mes différentes modalités de consultation en cliquant sur « consultations » en haut de cette page.

Cordialement.

8 Publié par Visiteur
15/11/2017 12:38

Bonjour Maitre
Ma banque refuse de me restituer la portion insaisissable de mon salaire
Quel recours ais je ?
Merci de votre aide

9 Publié par Visiteur
15/11/2017 16:24

Bonjour Maitre,

Pour le civile il y a un délais pour notifier un jugement mais pour le pénal il n’y a aucun délais?
Merci de votre retour

10 Publié par Maitre Anthony Bem
15/11/2017 17:19

Bonjour momo55,

Si votre banque refuse de vous restituer la portion insaisissable de votre salaire, vous pouvez saisir le juge du tribunal d’instance de votre lieu de résidence afin de la voir condamnée sous astreinte le cas échéant.

Cordialement.

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

Rechercher
A propos de l'auteur
Blog de Anthony BEM

Avocat contentieux et enseignant, ce blog comprend plus de 3.000 articles juridiques afin de partager mes connaissances et ma passion du droit.

Je peux vous conseiller et vous représenter devant toutes les juridictions, ainsi qu'en outre mer ou de recours devant la CEDH.

+ 1400 avis clients positifs

Tel: 01.40.26.25.01 

En cas d'urgence: 06.14.15.24.59 

Email : abem@cabinetbem.com

Consultation en ligne
Image consultation en ligne

Posez vos questions juridiques en ligne

Prix

249 € Ttc

Rép : 24h max.

1435 évaluations positives

Note : (5/5)
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles