Défense contre le recouvrement forcé des dettes par les établissements bancaires et de crédit

Publié le Modifié le 15/12/2018 Vu 505 729 fois 1067
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Comment les délais de prescription permettent-ils de ne pas payer une dette ?

Comment les délais de prescription permettent-ils de ne pas payer une dette ?

Défense contre le recouvrement forcé des dettes par les établissements bancaires et de crédit

Le scenario suivant a tendance à se banaliser :

Un organisme de crédit ou une banque consent un crédit (immobilier, revolving, rechargeable, à la consommation) à l’un de ses clients.

Cependant, suite à des impayés, l’organisme de crédit ou la banque poursuit son client en justice afin d’obtenir le paiement des échéances de remboursement impayées.

Le client dispose cependant d'armes procédurales intéressantes pour ne pas payer au titre de deux délais légaux.

En effet, nul ne peut plus ignorer que le délai d'action en paiement est enfermé dans une prescription biennale relativement breve de deux ans.

De plus, un autre délai de dix ans permet d'annuler la créance fixée par décision de justice aux termes d'une ordonnance, un jugement ou un arrêt, conformément à la prescription légale décennale (10 ans) attachée aux décisions de justice.

Tout d'abord, le législateur a instauré une arme redoutable en faveur des clients - consommateurs : l’article  L311-52 du Code de la consommation.

Aux termes de cet article, l'action en paiement des établissements bancaire et de crédit est atteinte par la forclusion biennale.

En effet, cet article dispose que :

« Le tribunal d'instance connaît des litiges nés de l'application du présent chapitre. Les actions en paiement engagées devant lui à l'occasion de la défaillance de l'emprunteur doivent être formées dans les deux ans de l'événement qui leur a donné naissance à peine de forclusion. Cet événement est caractérisé par :

- le non-paiement des sommes dues à la suite de la résiliation du contrat ou de son terme ;

- ou le premier incident de paiement non régularisé ;

- ou le dépassement non régularisé du montant total du crédit consenti dans le cadre d'un contrat de crédit renouvelable ;

- ou le dépassement, au sens du 11° de l'article L. 311-1, non régularisé à l'issue du délai prévu à l'article L. 311-47.

Lorsque les modalités de règlement des échéances impayées ont fait l'objet d'un réaménagement ou d'un rééchelonnement, le point de départ du délai de forclusion est le premier incident non régularisé intervenu après le premier aménagement ou rééchelonnement conclu entre les intéressés ou après adoption du plan conventionnel de redressement prévu à l'article L. 331-6 ou après décision de la commission imposant les mesures prévues à l'article L. 331-7 ou la décision du juge de l'exécution homologuant les mesures prévues à l'article L. 331-7-1 ».

Autrement dit, le dépassement du délai de 2 ans pour agir par les professionnels du crédit entraine la nullité de leur action en recouvrement envers leurs clients.

Or, en pratique, pour diverses raisons administratives, les établissements bancaires et de crédits laissent très souvent passer des années avant d’entamer la procédure de recouvrement forcé.

La procédure les contraints à obtenir du juge compétent une ordonnance les autorisant à obtenir le paiement de leur créance.

Cette procédure n’est pas contradictoire, autrement dit le débiteur n'est pas invité à faire valoire ses arguments de défense à ce stade de la procédure.

En effet, pour permettre une action par surprise à l’encontre du débiteur, le législateur a pensé qu’il serait mieux de ne pas l’inviter à se défendre à ce niveau de l'action.

Une fois que le juge a accordé son ordonnance au créancier faisant injonction au débiteur de payer, le créancier fait signifier la décision  par voie d’huissier de justice.

L’huissier de justice délivre alors au débiteur un « commandement de payer » pour lequel il est possible de disposer d’un recours : la contestation.

Le recours peut se faire auprès du greffe de la juridiction qui a rendu l’ordonnance, pendant le délai d’un mois à compter du passage de l’huissier, à savoir la date indiquée en tête du commandement de payer.

L’intervention d’un avocat n’est pas obligatoire bien qu’elle soit vivement recommandée en fonction des montants en jeu.

En tout état de cause, il est possible aux clients de faire annuler leur dettes lorsque le délai de forclusion de 2 ans, édicté par l'article L311-52 du code de la consommation précité, est dépassé.

Ce délai commence à courir à compter du premier incident de paiement non régularisé.

Concrètement, il s’agit de la première échéance impayée non régularisée.

Ce délai s’éteint au jour de la signification de l'ordonnance d'injonction de payer rendue.

Par conséquent, si la période qui sépare le premier incident de paiement non régularisé et la date de signification de l'ordonnance d'injonction de payer est supérieure à 2 ans, l’action est forclose.

S'agissant du second moyen de défense: la prescription de l'exécution d'une décision de justice au delà du délai de 10 ans.

En effet, s'il n'est procédé à aucun acte visant à obtenir l'exécution de la décision de justice, celle-ci devient inapplicable passé un délai de 10 ans, selon les articles L111-3 et L111-4 du code des procédures civiles d'exécution.

Il en découle que l’analyse des délais d’action en paiement permet, le cas échéant, de faire disparaitre totalement la dette.

Je suis à votre disposition pour toute action ou si vous souhaitez des informations personnalisées (en cliquant ici).

Anthony Bem
Avocat à la Cour
27 bd Malesherbes - 75008 Paris
Tel : 01 40 26 25 01

Email : abem@cabinetbem.com

www.cabinetbem.com

Vous avez une question ?
Blog de Anthony BEM

Anthony BEM

249 € TTC

1435 évaluations positives

Note : (5/5)

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Visiteur
22/06/2016 03:09

Bonjour maitre, mon frere a souscrit un credit en mai 2013 et suite à des problemes personnels il n'a plus ete en mesure de payer son credit environ 4 a 5 mois apres. Aujourdhui un cabinet d' huissier l' a convoqué pour regler sa dette a l'amiable sachant que quelques jours aupparavant ils lui ont envoye en lettre simple une signification de la requete et de lordonnance portant injonction de payer ( elle ne comporte aucune autre signature que celle de l'huissier) or aujourdhui je me suis rendue chez eux pour regler le probleme et jai fait un cheque apres que le representant du creancier ( neuillyrecouvrement) ai consenti a baisser le montant de la dette. Je dois leur faire un autre versement dans la semaine mais je n' ai aucune garantie quil ne sagit pas la dune grosse arnaque et quils ne vont pas à nouveau reclamer le paiement de la dette en totalité cette fois ci. Pourriez vous m'éclairer sur la situation svp, cest urgent. Ai je bien fait de les payer ou dois je leur demander de me restituer mon cheque sachant que je ne suis que la soeur de la personne endettée. Merci d'avance pour votre reponse et pour le temps que vous aurez consacré à me lire . Cordialement

2 Publié par Maitre Anthony Bem
22/06/2016 06:51

Bonjour lili,

Afin de me permettre de prendre connaissance de votre situation personnelle en détail et de disposer de toutes les informations nécessaires pour vous répondre en toute connaissance de cause, je vous propose de me contacter en privé pour une consultation.

A cet égard, je vous invite à choisir l'une de mes différentes modalités de consultation en cliquant sur "services" en haut de cette page.

Cordialement.

3 Publié par Visiteur
22/06/2016 09:58

Bonjour maitre, nayant pas de quoi vous payer jesperai une reponse de votre part au vu des elements détaillés que je vous ai exposer. Pouvez vous me dire quel type de justificatif de paiement je dois demander pour etre sure que la dette est définitivement soldé malgré le rabais accordé? Et sil est normal quon mai demandé detablir le cheque à lordre de lhuissier. Merci infiniment pour votre aide

4 Publié par Visiteur
22/06/2016 18:03

Bonjour, maitre
Un cabinet dhuissier me signifie une injonction de paiement, j lai vue tres rapidement mais ils ne me lont pas remis. Ils mont proposé un reglemnt amiable. Doisje regler sachant qune injonction a ete rendu mais pas encore de titre executoire? Merci
Cordialement

5 Publié par Maitre Anthony Bem
22/06/2016 18:40

Bonjour teodore,

Une injonction de payer vaut titre executoire.

Le recours contre une injonction de payer est l'opposition dans le mois à compter de la date de sa signification par voie d'huissier de justice.

Cordialement.

6 Publié par Visiteur
22/06/2016 20:41

Merci pour votre reponse.
Etant donné quon ne ma pas donné lordonnance mais juste ue requete et ordonnance dinjonction de paiement je ne risque pas de payer des interets tant que je nai pas eu le document en mains non?
Merci, bonne soiree

7 Publié par Visiteur
22/06/2016 23:24

bonjour
Un cabinet dhuissier me signifie une injonction de paiement, je paie les mensualités tous les mois ais ils ne me lont qd meme donné. Doisje continuer à regler sachant qune injonction a ete rendu? Merci
Cordialement

8 Publié par Maitre Anthony Bem
23/06/2016 07:15

Bonjour Lilou et Julie,

À partir du jour où un huissier de justice signifie une injonction de paiement, il faut la contester, dans le délai d'un mois, auprès du juge qui a pris la décision portant injonction de payer.

Je recommande en effet par défaut de toujours :

- contester une injonction de payer signifiée par voie d'huissier car il existe souvent des failles et des arguments qui permettent de faire annuler tout ou partie de la dette ou d'obtenir des délais de paiement pendant 24 mois sans intérêts de la part du juge ;

- et ne régler aucune somme d'argent avant que le juge ne tranche définitivement le litige suite à la contestation et aux vices du dossier.

Il est important de noter qu'en principe le juge peut même relever d'office, de sa propre initiative, certaines failles ou vices de la créance.

Il en va notamment ainsi en matière de prêts bancaires ou de crédits à la consommation avec la préscription de l'action ou de la dette ou bien encore s'agissant du défaut de respect du délai de rétractation par l'établissement financier.

Enfin, la commission de surrendetement des particuliers près la banque de France permet aussi, en solution alternative de secours efficace, de faire effacer la dette grâce à la procédure de rétablissement personnelle sans liquidation.

La commission peut être saisie avant, pendant ou après la procédure judiciaire de contestation de l'injonction de payer en fonction des nécessités et de l'évolution des choses.

@julie : soyez toujours prudente, vigilante et vérifiez tout même avec un huissier de justice, l'erreur est humaine...

Cordialement.

9 Publié par Visiteur
23/06/2016 11:43

Bonjour maitre Bem,
Doit on faire opposition à une injonction de payer meme si lon reconnait devoir la dette? Si je paye tout de suite on maccorde une remise de 800e sur 3300e et si je ne paye pas aujourdhui on me dit que je risque detre poursuivi pour opposition abusive ou infondee et qu'il me faudra payer la totalité avec des interets qui courent chaque jour. Merci de me conseiller, je ne sais pas qui dit vrai
Cordialement

10 Publié par Maitre Anthony Bem
23/06/2016 18:01

Bonjour rama,

Il n'est pas obligé de faire opposition à une injonction de payer si vous souhaitez payer votre dette sans la contester.

Il n'existe pas, par défaut, d'opposition à une injonction de payer abusive ou infondée.

Par contre, à défaut de succès de l'opposition à une injonction de payer, il est vrai qu'il pourrait en effet y avoir des intérêts à payer en plus selon le temps écoulé de la procédure.

Cordialement.

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

Rechercher
A propos de l'auteur
Blog de Anthony BEM

Avocat contentieux et enseignant, ce blog comprend plus de 3.000 articles juridiques afin de partager mes connaissances et ma passion du droit.

Je peux vous conseiller et vous représenter devant toutes les juridictions, ainsi qu'en outre mer ou de recours devant la CEDH.

+ 1400 avis clients positifs

Tel: 01.40.26.25.01 

En cas d'urgence: 06.14.15.24.59 

Email : abem@cabinetbem.com

Consultation en ligne
Image consultation en ligne

Posez vos questions juridiques en ligne

Prix

249 € Ttc

Rép : 24h max.

1435 évaluations positives

Note : (5/5)
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles