Défense contre le recouvrement forcé des dettes par les établissements bancaires et de crédit

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Comment les délais de prescription permettent-ils de ne pas payer une dette ?

Comment les délais de prescription permettent-ils de ne pas payer une dette ?

Défense contre le recouvrement forcé des dettes par les établissements bancaires et de crédit

Le scenario suivant a tendance à se banaliser :

Un organisme de crédit ou une banque consent un crédit (immobilier, revolving, rechargeable, à la consommation) à l’un de ses clients.

Cependant, suite à des impayés, l’organisme de crédit ou la banque poursuit son client en justice afin d’obtenir le paiement des échéances de remboursement impayées.

Le client dispose cependant d'armes procédurales intéressantes pour ne pas payer au titre de deux délais légaux.

En effet, nul ne peut plus ignorer que le délai d'action en paiement est enfermé dans une prescription biennale relativement breve de deux ans.

De plus, un autre délai de dix ans permet d'annuler la créance fixée par décision de justice aux termes d'une ordonnance, un jugement ou un arrêt, conformément à la prescription légale décennale (10 ans) attachée aux décisions de justice.

Tout d'abord, le législateur a instauré une arme redoutable en faveur des clients - consommateurs : l’article  L311-52 du Code de la consommation.

Aux termes de cet article, l'action en paiement des établissements bancaire et de crédit est atteinte par la forclusion biennale.

En effet, cet article dispose que :

« Le tribunal d'instance connaît des litiges nés de l'application du présent chapitre. Les actions en paiement engagées devant lui à l'occasion de la défaillance de l'emprunteur doivent être formées dans les deux ans de l'événement qui leur a donné naissance à peine de forclusion. Cet événement est caractérisé par :

- le non-paiement des sommes dues à la suite de la résiliation du contrat ou de son terme ;

- ou le premier incident de paiement non régularisé ;

- ou le dépassement non régularisé du montant total du crédit consenti dans le cadre d'un contrat de crédit renouvelable ;

- ou le dépassement, au sens du 11° de l'article L. 311-1, non régularisé à l'issue du délai prévu à l'article L. 311-47.

Lorsque les modalités de règlement des échéances impayées ont fait l'objet d'un réaménagement ou d'un rééchelonnement, le point de départ du délai de forclusion est le premier incident non régularisé intervenu après le premier aménagement ou rééchelonnement conclu entre les intéressés ou après adoption du plan conventionnel de redressement prévu à l'article L. 331-6 ou après décision de la commission imposant les mesures prévues à l'article L. 331-7 ou la décision du juge de l'exécution homologuant les mesures prévues à l'article L. 331-7-1 ».

Autrement dit, le dépassement du délai de 2 ans pour agir par les professionnels du crédit entraine la nullité de leur action en recouvrement envers leurs clients.

Or, en pratique, pour diverses raisons administratives, les établissements bancaires et de crédits laissent très souvent passer des années avant d’entamer la procédure de recouvrement forcé.

La procédure les contraints à obtenir du juge compétent une ordonnance les autorisant à obtenir le paiement de leur créance.

Cette procédure n’est pas contradictoire, autrement dit le débiteur n'est pas invité à faire valoire ses arguments de défense à ce stade de la procédure.

En effet, pour permettre une action par surprise à l’encontre du débiteur, le législateur a pensé qu’il serait mieux de ne pas l’inviter à se défendre à ce niveau de l'action.

Une fois que le juge a accordé son ordonnance au créancier faisant injonction au débiteur de payer, le créancier fait signifier la décision  par voie d’huissier de justice.

L’huissier de justice délivre alors au débiteur un « commandement de payer » pour lequel il est possible de disposer d’un recours : la contestation.

Le recours peut se faire auprès du greffe de la juridiction qui a rendu l’ordonnance, pendant le délai d’un mois à compter du passage de l’huissier, à savoir la date indiquée en tête du commandement de payer.

L’intervention d’un avocat n’est pas obligatoire bien qu’elle soit vivement recommandée en fonction des montants en jeu.

En tout état de cause, il est possible aux clients de faire annuler leur dettes lorsque le délai de forclusion de 2 ans, édicté par l'article L311-52 du code de la consommation précité, est dépassé.

Ce délai commence à courir à compter du premier incident de paiement non régularisé.

Concrètement, il s’agit de la première échéance impayée non régularisée.

Ce délai s’éteint au jour de la signification de l'ordonnance d'injonction de payer rendue.

Par conséquent, si la période qui sépare le premier incident de paiement non régularisé et la date de signification de l'ordonnance d'injonction de payer est supérieure à 2 ans, l’action est forclose.

S'agissant du second moyen de défense: la prescription de l'exécution d'une décision de justice au delà du délai de 10 ans.

En effet, s'il n'est procédé à aucun acte visant à obtenir l'exécution de la décision de justice, celle-ci devient inapplicable passé un délai de 10 ans, selon les articles L111-3 et L111-4 du code des procédures civiles d'exécution.

Il en découle que l’analyse des délais d’action en paiement permet, le cas échéant, de faire disparaitre totalement la dette.

Je suis à votre disposition pour toute action ou si vous souhaitez des informations personnalisées (en cliquant ici).

Anthony Bem
Avocat à la Cour
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1 Publié par Faure Samira
07/01/2017 10:44

Bonjour maître, je suis en litiges avec une maison de crédit. J'ai reçu plusieurs lettres d agence de recouvrement pour le même litige. Il s avère que sur le dernier courrier en recommandé on m'indique une date d'impyayé en 2013 et des indications obligatoires sont manquantes et parle au nom du créancier pour me déchoir du prêt (je n ai jamais reçu de courrier de la maison de crédit). J ai reçu à 3 jours d'intervalles 2 cabinets d'huissiers pour la même dette, ce qui est interrogatif, le second a laissé un doc dans la boite aux lettres, je n ai pas contacté cet huissier. Sur le doc il y avait noté en petit caractère "assignation" c est tout.
Mes questions : quesque je risque si je vais retirer ce doc chez l'huissier ? Alors que j ai des doutes sur la tournure que prends cette affaire. Je n ai pas eu de nouvelles de cet huissier depuis 15 jrs environ, ne devrakt il pas m envoyer par courrier ce doc qu il n a mu remettre par absence de mon domicile ?. J ai demandé au greffe du tribunal s il y avait l existence d une prochaine audience ou autre à mon nom..mais rien. Que dois je comprendre.intimidation d huissier ? Que faire ? Car le pre?ier huissier m indique qu il revie dra avec une saisie attribution à me faire signer...c est bizarre comme situation..
Merci pour votre aide.
Cordialement

2 Publié par Visiteur
07/01/2017 11:19

Bonjour Maitre,
Après des années de galère, j'ai changé de travail (CDI) et ma banque refuse un rachat de crédit (pour me permettre de souffler un peu) même si mon salaire est plus que respectable. J'ai bien envie de changer de banque et de leur laisser les crédits sur les bras (que je recommencerai à payer dès que j'aurai repris un peu mon "souffle"). Quelles sont les actions que la banque peut entamer ? Dans quelle mesure la saisie de salaire peut-elle intervenir ? Et quel serait le timing pour mettre en oeuvre les procédures ? Je vous remercie pour votre réponse. Meilleurs voeux !

3 Publié par Visiteur
07/01/2017 11:27

Bonjour,

Sur les conseils de ma banque, j’ai contracté un prêt immobilier en 2013 à titre personnel pour payer des dettes sociales à titre professionnel. J’ai honoré les remboursements jusqu’en mars 2015 mais ma situation à changer et je ne peux plus rembourser. J’ai demandé à renégocier ce prêt pour bénéficier d’un taux plus intéressant et/ou diminuer mes mensualités. Refus de la banque. Je suis convoqué au tribunal puisque la banque me réclame l’intégralité de la somme due plus intérêts. Que puis-je invoquer devant le tribunal ? Merci

4 Publié par Maitre Anthony Bem
07/01/2017 13:17

Bonjour Faure Samira,

Vous devez aller récupérer l'assignation chez l'huissier de justice au risque, à défaut, de faire l'objet d'une procédure et d'une décision de justice qui vous condamne, sans que vous n'ayez pu faire valoir vos moyens de défense.

Tant qu'aucun jugement ou ordonnance n'est rendue à votre encontre, aucune saisie ne peut valablement être effectuée par un huissier de justice.

Enfin, je vous invite à contacter un avocat spécialisé en droit bancaire afin de lui faire analyser votre situation et d'envisager le cas échéant les arguments de défense à invoquer pour idéalement faire annuler votre dette.

Cordialement.

5 Publié par Maitre Anthony Bem
07/01/2017 13:23

Bonjour nath,

La banque peut entamer à votre encontre une action aux fins de recouvrement forcé pour obtenir le paiement de l'intégralité de la dette du prêt (capital, pénalités et intérêts).

La saisie sur salaire peut intervenir après que la banqne ait obtenu un jugement de condamnation au paiement de la dette à votre encontre, au moins 12 mois après vous avoir assignée en paiement.

Le timing pour mettre en oeuvre les procédures dépend des banques, cela peut prendre des mois voir des années dans certains cas.

La prescription de l'action en paiement est en tout état de cause de deux ans pour la banque à compter de la date de la déchéance du terme :

http://www.legavox.fr/blog/maitre-anthony-bem/decheance-credit-pour-defaillance-conditionnee-18402.htm#.WHDd4MhPenM

Cordialement.

6 Publié par Visiteur
07/01/2017 19:36

Bonjour Maître,

Une question "originale" : mon créancier a bien saisi le Tribunal, le dernier jour des 2 ans (après dernier impayé) mais...Il n'a pas saisi la bonne juridiction (TGI au lieu de TI) et il a donc été débouté (jugement confirmant l'incompétence).

Dans ce cas "particulier", peut-on considérer qu'à présent le créancier se retrouve "impuissant" du fait du délai de forclusion ou, son "erreur" (volontaire je le précise !) lui permet-elle de poursuivre devant la bonne juridiction cette fois ?

Merci pour votre réponse avec tous mes voeux pour 2017.

7 Publié par Visiteur
07/01/2017 19:58

re, autre dossier :

Crédit agricole, déc 2014, je me retrouve avec un compte courant débiteur de 6400€ suite à des CB à débit différé qui ont toutes été honorées par la banque, malgré un découvert autorisé de 1000€ seulement.

Je vous passe, les mails de précaution que j'avais envoyés dès le mois précédent en voyant que j'allais être en anomalie afin d'obtenir un prêt perso qui me fut évidemment : refusé !

Moralité : après plusieurs mois de palabres inutiles avec mon agence d'abord puis avec leur service de recouvrement "bercy recouvrement", je leur ai fait remarquer qu'ils avaient dépassé le délai de 3 mois pour me proposer de transformer le découvert en prêt.

Entre temps, aucune procédure "légale", que des lettres de relances et de menaces rar ou pas (mais pas de saisine du Juge, ni ordonnance etc et pour cause puisque aucune réponse à mes nombreux courriers RAR évoquant le droit bancaire et ses fameux 3 mois entre autres...)

Aujourd'hui, ou plutôt avant hier pour être précise, un mail de ce même service "bercy recouvrement" pour me demander de les contacter de toute urgence blablabla, avant dixit "poursuite de la procédure judiciaire"

Ai-je raison de penser qu'il sont "hors délai", malgré leur multiples recommandés (je n'ai plus jamais déposé d'argent sur le compte après déc 2014).

Merci,

Cdt

8 Publié par Maitre Anthony Bem
07/01/2017 20:01

Bonjour AB,

Outre les problèmes de taux d'intérêts du prêt, vous pourriez faire tomber la procédure en vertu d'une éventuelle prescription de l'action en paiement ou de non respect de la procédure de déchéance du terme par la banque.

Sur ce dernier point, je vous invite à lire mon article dédié :

http://www.legavox.fr/blog/maitre-anthony-bem/decheance-credit-pour-defaillance-conditionnee-18402.htm#.WHDd4MhPenM

Cordialement.

9 Publié par Maitre Anthony Bem
07/01/2017 20:08

Bonjour martine95,

La saisine d'une mauvaise juridiction ou d'une juridiction incompétente interrompt le délai de prescription de l'action en justice.

Par ailleurs, je vous confirme que l'absence d'action en recouvrement d'une dette bancaire au delà du délai de deux ans prive la banque de son droit d'agir compte tenu de la prescription biennale.

Cordialement.

10 Publié par Visiteur
07/01/2017 20:10

Dernière question : après contestation d'une ordonnance d'injonction de payer (un 3ème dossier :-( est-on convoqué devant le Juge ou prend il sa décision à "huis clos" ?

Est on recevable à formuler, en même temps que la contestation, des "demandes reconventionnelles en réponse" visant à obtenir :

- Annulation des intérêts pour non respect de "l'information bancaire" (1x par an le solde restant du doit être communiqué et aucun tableau d'amortissement ne nous a jamais été fourni malgré plusieurs demandes RAR)

- Des dommages et intérêts pour pressions, mesures d'intimidation, harcèlement moral, manoeuvres dolosives et j'en passe puisqu'un accord de paiement existait (pièces à l'appui) et que c'est le demandeur SEUL qui ne l'a pas respecté.

Merci. Avec mes excuses pour ce ""squattage" mais ce genre de questions n'ayant jamais été posées...(j'ai lu tous les posts pour m'en assurer^^)

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