Les principales obligations du bailleur d’un local commercial envers son locataire preneur à bail

Publié le Modifié le 17/10/2014 Vu 433 784 fois 471
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

La charge des obligations d'entretien, de réparation, de garantie des locaux commerciaux sont loin d'être neutre financièrement. Bien que celle-ci soit fixé par la loi, il est possible aux parties d’en convenir différemment aux termes du contrat de bail.

La charge des obligations d'entretien, de réparation, de garantie des locaux commerciaux sont loin d'être ne

Les principales obligations du bailleur d’un local commercial  envers son locataire preneur à bail

Le bailleur d’un local commercial est tenu envers son locataire de :

- Mettre le local loué à la disposition du locataire, preneur à bail, (I),

- Entretenir le local donné à bail (II),

- Garantir au locataire, preneur à bail, une occupation paisible (III).

I - L’obligation du bailleur de mise à disposition d’un local commercial au profit de son locataire preneur à bail

A titre liminaire, la mise à disposition du local commercial au profit du locataire suppose que le bailleur lui remette les clefs lors de la signature du bail commercial ou de l’état d’entrée dans les lieux.

A cet égard, il convient de recommander aux bailleurs d’éviter de remettre les clefs du local au locataire avant la signature du contrat de bail afin que le locataire ne refuse pas de signer le bail ou certaines clauses du bail.

A défaut, le bailleur ne disposerait d’aucun recours tendant à contraindre l’occupant à signer son bail.

Concrètement, la mise à disposition du local suppose que celui-ci soit en bon état de réparations, que les infrastructures soient en bon état de fonctionnement (sanitaires, eau, conduit de cheminée, chauffage, gaz, électricité) et puisse servir à l’usage pour lequel il est loué.

Ainsi, si le bail prévoit que le bien loué est en parfait état, le preneur pourrait exiger de son bailleur, avant son entrée dans les lieux, qu’il réalise  les travaux nécessaires afin d’assurer ce parfait état.

Par conséquent,  il est recommandé aux bailleurs de mentionner expressément dans le bail commercial que le preneur reçoit le local dans l’état où il se trouve et qu’il déclare bien connaître pour l’avoir visité et contrôlé.

Enfin, il est fréquent que le bail commercial dispense le bailleur de mettre le local loué en bon état de réparations de toute espèce.

Il s’agit d’une dérogation contractuelle à l’obligation légale précitée du bailleur, qui n’interdit pas au preneur d’exiger la mise en état de dégradations existantes et dont il n’aurait pu se rendre compte au moment de la conclusion du bail.

Le cas échéant, le preneur à bail devra négocier le montant du loyer à la baisse afin d’en tenir compte.

II - L’obligation du bailleur d’entretenir le local donné à bail et d’effectuer les réparations nécessaires autres que locatives

L’obligation d’entretien du bailleur signifie qu’il doit effectuer tous les travaux et réparations nécessaires afin que le local reste conforme à sa destination, autres que les réparations locatives

Concrètement cela consiste au changement des papiers peints, peintures, moquette, parquet, revêtement des sols et plafonds qui seraient devenus vétustes suite à un usage normal.

Il est d’usage de considérer que les peintures et tapissages de qualité moyenne sont amortis après neuf ans, de sorte que le preneur puisse exiger de son bailleur qu’il prenne à sa charge leur changement.

Le bailleur devra également se charger du curement des puits et fosses septiques.

Surtout, les articles 605 et 606 du code civil sont souvent visés dans les baux commerciaux.

Selon l'articles 605 alinéa 2 du code civil :

"Les grosses réparations demeurent à la charge du propriétaire, à moins qu'elles n'aient été occasionnées par le défaut de réparations d'entretien, depuis l'ouverture de l'usufruit ; auquel cas l'usufruitier en est aussi tenu".

L'article 606 du code civil dispose que :

"Les grosses réparations sont celles des gros murs et des voûtes, le rétablissement des poutres et des couvertures entières.

Celui des digues et des murs de soutènement et de clôture aussi en entier.

Toutes les autres réparations sont d'entretien'.

Aux termes de ces dispositions légales, le bailleur est tenu d'exécuter les « grosses réparations » telles que décrites dans ce second article, de manière limitative.

Ainsi, le bailleur est tenu des grosses réparations ou des gros travaux, à savoir :

- la réparation des  toitures, gouttières, murs, cheminées ;

- la réfection des planchers et des escaliers ;

- les réparations locatives lorsqu’elles sont dues à la vétusté ou à la force majeure.

S’agissant de ces réparations, le bailleur pourra en être déchargé si elles sont dues à la faute du locataire.

De la même manière, le bail commercial peut parfaitement stipuler que les grosses réparations incombant normalement au bailleur doivent être exécutées par le preneur et aux frais du preneur, à condition que la clause soit précise.

Il a ainsi été jugé que la clause d’’un bail stipulant que « les grosses réparations incombant normalement au bailleur seront à charge du preneur » n’était pas suffisamment précise et qu’il soit nécessaire d’y ajouter : « telles seront notamment les réparations effectuées à la toiture », ou « …y compris les réparations dues tant à la vétusté qu’à la force majeure ».

Enfin, la jurisprudence considère que la réparation des dégâts causés sur la porte ou la vitrine suite à un vol commis dans le bien loué incombent au propriétaire en l’absence de faute du preneur et de clause particulière dans le contrat de bail commercial.

En outre, la jurisprudence exonère le bailleur d’effectuer les travaux exigés par les autorités publiques ou imposés par de nouvelles réglementations de sécurité, à moins que le bail commercial n’en dispose autrement. 

Ces travaux, dont le coût peut se révéler supérieur au montant du loyer annuel pour une année donnée, peuvent, s'ils ne sont pas exécutés, justifier le prononcé de la résiliation du contrat de bail aux torts du bailleur.

Lorsque les juges sont sollicités pour interpréter les clauses du contrat de bail commercial, et particulièrement la clause de charges, l'interprétation se fera à la faveur du locataire.

Il est donc recommander aux parties de bien veiller à la rédaction des baux commerciaux qu’elles sont amenées à conclure et de prévoir de manière précise le type de charges incombant au bailleur ou au preneur lors de la rédaction de leur contrat.

III - Le bailleur d’un local commercial doit garantir à son locataire une occupation paisible

L’obligation de garantir une occupation paisible se décompose en trois garanties distinctes :

- La garantie du fait personnel : le bailleur ne peut pas troubler l’occupation du preneur en faisant certains actes de nature à occasionner un trouble, sauf s’il s’agit de travaux urgent (exemple : il ne peut pas réaliser des travaux d’amélioration ni changer le système de chauffage dans le local donné à bail sans l’accord du locataire, pénétrer dans l’immeuble pour vérifier si le preneur entretient correctement le bien, etc …)

- La garantie du fait des tiers : il s’agit des troubles de jouissance à l’occupation du preneur de la part de tiers. A la différence des troubles de fait, la jurisprudence impose au bailleur de garantir le preneur contre le trouble de droit. Cette situation se présente lorsque par exemple, une tierce personne prétend être propriétaire de l’immeuble et veut expulser le locataire arguant que le bailleur n’avait aucun droit de donner l’immeuble en location. Si le bailleur est condamné, le preneur évincé pourra lui réclamer des dommages et intérêts.

- La garantie des vices cachés : il s’agit des défauts de l’immeuble loué qui en empêchent l’usage normal ou qui diminuent cet usage, ne permettant donc pas au preneur d’occuper normalement l’immeuble. Les vices sont cachés lorsque le preneur n’aurait normalement pas pu se rendre compte de leur existence au moment de la conclusion du bail (exemples : l’invasion de cancrelats, la déficience de l’installation électrique, une fuite dans les canalisations ne provoquant d’inondations qu’au cours de fortes pluies, l’humidité dans une cave, etc …). Si le vice rend impossible l’usage de la chose louée, le preneur pourra demander la rupture du contrat avec dommages et intérêts. Par contre, le bailleur n’est pas tenu de garantir le locataire contre les vices apparents, c'est-à-dire ceux dont le preneur a pu se rendre compte de leur existence au moment de la conclusion du bail ou  relevés dans l’état des lieux. Le bailleur peut insérer une clause dans le bail aux termes de laquelle il s’exonère de son obligation de garantie des vices cachés ou ne répondra pas de tels ou tels vices cachés.

Je suis à votre disposition pour toute information ou action.

PS : Pour une recherche facile et rapide des articles rédigés sur ces thèmes, vous pouvez taper vos "mots clés" dans la barre de recherche du blog en haut à droite, au dessus de la photographie.

Anthony Bem
Avocat à la Cour
27 bd Malesherbes - 75008 Paris
Tel : 01 40 26 25 01

Email :
abem@cabinetbem.com

www.cabinetbem.com 

Vous avez une question ?
Blog de Anthony BEM

Anthony BEM

249 € TTC

1435 évaluations positives

Note : (5/5)

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Visiteur
28/01/2015 11:43

Bonjour maître,
Je vous remercie pour votre réponse rapide.
Je vais attendre que l'on me fasse une proposition officielle et à partir de là, je vous recontacterais.

2 Publié par Visiteur
28/01/2015 15:43

Cher Maître,
En 2010, j'ai signé un bail commercial pour lequel il m'a fallu "batailler" pour obtenir que les travaux ravalement et la toiture ne soient pas à ma charge. Pour le reste, les travaux devaient être à ma charge mais il m'avait été précisé que ce ne seraient que de menus travaux d'entretien, rien de précis.
Nous étions en décembre 2010 et manifestement c'était faux.
Il m'a aussi été affirmé que j'étais obligée selon la loi de payer la taxe foncière, ce que je fais depuis 4 ans.
Or il semble que même la cour de cassation a affirmé (26 mars 2013) que la règle était que la taxe foncière soit payée par le bailleur sauf si autre clause.
J'ai donc l'impression de m'être fait avoir.
J'ai pris un local en mauvais état, abandonné depuis plusieurs années (3 ou 4 ans) et ai seulement obtenu 4 mois de gratuité de loyer avec obligation de prouver plus de 10.000€ de travaux.
Ce que j'ai fait.
Il faudrait que je recherche, mais dans le passé j'ai déjà payé une facture de travaux.
Mais voilà que cette année,la propriétaire, en sus de la taxe d'habitation et de l'augmentation régulière du loyer, des charges et du montant de ma caution, me demande de lui rembourser sa part concernant les travaux des colonnes d'alimentation (travaux semble t-il reportés depuis des années en AG et effectués récemment/Obligation/plomb, et aussi la réfection de la loge (dont j'ai appris l'existence il y a peu, qui était vide et vétuste avant mon arrivée et là aussi dont les travaux, reportés depuis des années ont été réalisés en 2013)
Non seulement je pense que cela dépasse l'entretien, mais aussi, je n'ai jamais été informée en amont et de fait cela augmente mon coût de location d'un mois et demi de loyer en sus.
Dans un courrier reçu début janvier, elle s'exprime comme si j'avais un loyer faible ou que je l'ai discuté. Or cela n'a jamais été le cas (j'ai gardé tous mes mails).
Je viens aussi par ailleurs de faire repeindre mon bureau à cause de l'humidité qui faisait cloquer le plafond.Donc je l'entretiens et ce malgré le fait que ma propriétaire a la plus mauvaise réputation qui soit dans l'immeuble et notamment de ne jamais rembourser la caution au départ de ses locataires (je ne l'ai su qu'après avoir loué)
Je pensais écrire pour lui dire tout cela et insister notamment sur le fait que cela majore de façon conséquente mon loyer, que ces travaux étaient dans " les tuyaux" depuis des années et faits tous en même temps en 2013, sans m'informer préalablement.
Puis en recherchant des pistes, je suis tombée sur votre site et espère vivement votre avis de professionnel voire des idées pour aboutir si je le peux à l'amiable ou connaître mes chances en cas de procédure (et coûts et délais)
Merci beaucoup
Bien cordialement
Dominique BAUD

3 Publié par Maitre Anthony Bem
28/01/2015 16:47

Bonjour Dominique Baud, Je pense en effet qu'une mise en jeu de la responsabilité du bailleur est possible mais vous invite à me contacter en privé pour vous le confirmer en fonction de précisions que j'ai à vous demander. Cordialement

4 Publié par Visiteur
30/01/2015 08:45

Bonjour maître,
Ma mère se trouve être propriétaire d'un bien foncier comprenant la disponibilité de deux places de parking.
Un autre propriétaire de la copropriété loue un local commercial à une association au rez-de-chaussée.
Ces derniers ont reçu lors de la dernière assemblée, de manière informelle, l'autorisation d'utiliser deux des places de parking sauf manque de place.
Le propriétaire du bail nous a annoncé (sans preuve parfaite) que le bailleur a inscrit sur le bail lesdites places de parking.
Si tel est effectivement le cas et étant donné le préjudice causé par le manque de place et de respect des consignes pourtant simples (ex: fermeture du portail après utilisation, utilisation du nombre de place accordée, etc), quel recours puis-je utiliser si la résolution amiable échoue? Quelles seront les conséquence si le bail s'avère comprendre des immeubles qui n'appartiennent pas au bailleur?
En l'attente de votre aimable réponse,
Cordialement,
CHAPPEL Adrien

5 Publié par Maitre Anthony Bem
30/01/2015 09:40

Bonjour Monsieur Adrien Champel,

Il me faut disposer de la copie du titre de propriété de votre mère sur ces places et du règlement de copropriété afin que j'analyse les droits dont chacun dispose dans votre situation persnnelle.

Le cas échéant, je vous invite à me contacter en privé avant de me les envoyer.

Cordialement.

6 Publié par Visiteur
12/02/2015 09:11

Bonjour Maitre, je suis sur le point de signer un bail de location commerciale faisant suite à un mandat judiciaire du précédant locataire dont ma proposition de droit au bail a été retenue je dois passer devant le tribunal qui validera où non ma candidature, sachant que le propriétaire accepte ma candidature. Les locaux sont vétuste en installation électrique, ainsi que l'arrière boutique humidité...A qui revient les travaux ? car le propriétaire a l'intention de relouer très vite et en état du fait que sa locataire ne payait plus depuis quelques mois...

7 Publié par Visiteur
13/02/2015 15:39

Bonjour Maitre
Je cherche à acquérir un local commercial pour ouvrir un magasin de sport. Le bailleur qui possède un possède un grand complexe, va créer plusieurs locaux à usage commerciaux. Ce bailleur a-t-il des obligations quant au local ? Sur les sols, l'éclairage, le chauffage, alarme, rideau, ....
Dans l'attente de votre réponse
Cordialement

8 Publié par Visiteur
16/02/2015 20:39

bonjour maitre.depuis 3 ans je subis de graves dégâts dans mon local commercial dés qu'il pleut c'est inondation avec chute de plaques du plafond et toutes les dégradations qui vont avec.j'ai interpellé les propriétaires mille fois reaction néant.mon assurance ne me suivant plus tant que la toiture ne sera pas réparée ce qui inclus que tous les frais de changement de plaques sont tous à ma charge sans compter les semaines entières sans ouvrir. alors un jour j'ai pété un plomb excusez l'expression et je n'ai pas payé un mois de loyer et il m'a assigné et depuis alors que j'ai toujours payé après et que j'ai réglé le loyer dû mis en séquestre par mon avocat et ayant apporté toutes les preuves de ce que je subissais au quotidien avec constat d'huissier on vient de m'annoncer que la décision était l'expulsion alors qu'aujourd'hui encore je ne peux pas travailler depuis prés de 4 mois .je suis anéantie par la décision d'un juge qui a même refusé q'un expert indépendant diligenté par le tribunal puisse être envoyé pour pouvoir constater la réalité.mon avocat va faire appel et j'aimerais savoir si ma demande peut aboutir ou si je vais dans le mur?désolée d'avoir été si longue mais sincèrement je suis à bout en 9 ans j'ai jamais fait défaut pour mes loyers juste une fois et j'en suis la!!

9 Publié par Maitre Anthony Bem
16/02/2015 22:45

Bonjour kikilange,

Il vous aurait fallu demander la suspension de la clause résolutoire.

Je pense que l'appel est une nouvelle chance de voir votre dossier jugé.

Sans connaissance de celui-ci je ne peux me prononcer.

Contactez moi en privé pour la suite.

Cordialement.

10 Publié par Visiteur
19/02/2015 02:26

Contrat location professionnels le locataire a le droit de vendre son local??? Professionnel

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

Rechercher
A propos de l'auteur
Blog de Anthony BEM

Avocat contentieux et enseignant, ce blog comprend plus de 3.000 articles juridiques afin de partager mes connaissances et ma passion du droit.

Je peux vous conseiller et vous représenter devant toutes les juridictions, ainsi qu'en outre mer ou de recours devant la CEDH.

+ 1400 avis clients positifs

Tel: 01.40.26.25.01 

En cas d'urgence: 06.14.15.24.59 

Email : abem@cabinetbem.com

Consultation en ligne
Image consultation en ligne

Posez vos questions juridiques en ligne

Prix

249 € Ttc

Rép : 24h max.

1435 évaluations positives

Note : (5/5)
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles