la clause de garantie solidaire

Publié le 16/05/2013 Vu 39 777 fois 6
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Les baux commerciaux prévoient généralement une clause de garantie solidaire, en cas de cession, entre le cédant et le cessionnaire tant en ce qui concerne le paiement des loyers et charges que l'exécution des clauses et conditions du bail. Il s’agit d’une clause par laquelle un preneur s'engage envers le bailleur à se porter garant solidaire de son cessionnaire et des cessionnaires successifs pour le paiement du loyer et l'exécution des conditions du bail et est très fréquente en matière de bail commercial. L'exécution de ces clauses peuvent susciter des difficultés tant ce qui concerne l'étendue que la durée etc.. Cet article contient un certain nombre de jurisprudence destiné à éclairer le lecteur.

Les baux commerciaux prévoient généralement une clause de garantie solidaire, en cas de cession, entre le c

la clause de garantie solidaire

Les baux commerciaux prévoient généralement une clause de garantie solidaire, en cas de cession, entre le cédant et le cessionnaire tant en ce qui concerne le paiement des loyers et charges que l'exécution des clauses et conditions du bail.

Il s’agit d’une clause par laquelle un preneur s'engage envers le bailleur à se porter garant solidaire de son cessionnaire et des cessionnaires successifs pour le paiement du loyer et l'exécution des conditions du bail et est très fréquente en matière de bail commercial.

 

1)  La nature de la clause

Le cédant est-il caution solidaire du cessionnaire ou codébiteur solidaire ?

Cette garantie solidaire est analysée comme un engagement de codébiteur solidaire et non d'une caution (Cass. 3e civ., 26 nov. 1997).

Les différences entre les deux qualités sont minimes mais existent :

- le cédant ne peut se prévaloir des dispositions de l'article 2314 du Code civil, lesquelles permettent à la caution de se décharger de son engagement en cas d'incurie du créancier dans la conservation d'autres garanties dont la caution aurait pu bénéficier par subrogation. 

 

- les obligations d'information pesant sur les créanciers à l'égard des cautions personnes physiques ne s'appliquent pas au cédant du fonds de commerce, qui ne sera donc pas averti des vicissitudes de l'exploitation de l'activité cédée et donc, potentiellement, de l'étendue effective de sa garantie. (CA Colmar, 1re ch. civ., sect. B, 29 févr. 2012, n° 11/00342 : JurisData n° 2012-003760).

 

- en cas de cession à plusieurs personnes, l'absence de déclaration de créance, effectuée par le bailleur, au passif de la liquidation judiciaire de l'un des cessionnaires, est sans incidence sur l'obligation contractée par le cédant du fonds de commerce, au titre de la garantie des loyers. En effet, en application de l'article 1208 du Code civil, le codébiteur solidaire ne peut opposer au créancier les exceptions purement personnelles à l'un des autres codébiteurs (CA Rouen, 1er juill. 2010). 

 

Ainsi, la jurisprudence refuse de qualifier cette clause de cautionnement (CA Dijon, 14 nov. 1990 – CA Nancy, 5 oct. 1990 : JurisData n° 1990-048535. – CA Paris, 7 mai 1991 :– CA Versailles, 12e ch., 29 oct. 1992 : JurisData n° 1992-047761,– CA Paris, 16e ch. A, 18 janv. 2006 : JurisData n° 2006-294260).

De ce fait, l'engagement du preneur cédant son droit au bail de demeurer garant solidaire du cessionnaire pour le paiement des loyers et charges et toutes les conditions du bail, s'analyse en un engagement de codébiteur solidaire et non en un engagement de caution (CA Paris, 16e ch. A, 13 juin 2001 : JurisData n° 2001-168863. – Cass. 3e civ., 26 nov. 1997,  : JurisData n° 1997-004809).

 

Enfin, il a ainsi été jugé que l'engagement solidaire du cédant du droit au bail avec le cessionnaire pour le paiement des loyers dus jusqu'à la fin du bail n'est pas un engagement subsidiaire assimilable à un cautionnement.

 

2/ La portée de la clause

Cette clause fait l'objet d'une interprétation stricte par la Cour de cassation qui considère que le cédant, garant du paiement des loyers, ne peut se voir réclamer le paiement des réparations locatives et des indemnités d'occupation dues par le cessionnaire (Cass. 3e civ., 12 avr. 1995 : JurisData n° 1995-000896).

Si la validité et la nature de cette clause sont aujourd'hui bien établies, la jurisprudence a été amenée à se prononcer sur la durée de celle-ci, eu égard aux différentes formulations retenues dans les baux par les rédacteurs.

La Cour de cassation (Cass. 3e civ., 7 mars 2001) a jugé que les effets de la garantie du cédant envers le bailleur sont limités à la durée du bail, sauf clause contraire, consacrant ainsi deux précédentes décisions de la cour d'appel de Paris (V. CA Paris, 16e ch., sect. A, 24 juin 1998 :– CA Paris, 16e ch., sect. A, 6 oct. 1999, n° 99-13.101, F-D, Nachim c/ SA Socphipard : Juris-Data n° 1999-024507).

Ultérieurement, il a été jugé que la clause de garantie solidaire pouvait être également invoquée par le bailleur postérieurement à la date d'expiration contractuelle du bail puisque à défaut de congé ou de demande de renouvellement, le bail se poursuit par tacite reconduction aux mêmes clauses et conditions, en ce compris l'engagement solidaire du cédant (V. CA Paris, 20 avr. 2000 : AJDI 2000, p. 639. – CA Versailles, 11 mai 2000 : RD imm. 2000,), jurisprudence également consacrée par la Cour de cassation dans un arrêt rendu le 5 juin 2002 (Cass. 3e civ., 5 juin 2002, n° 00-20.806,  Mangeot c/ Sté Brasserie Greff : Juris-Data n° 2002-014577).

 

Le cédant ne peut être déchargé de son obligation que sur le fondement de l'article 1134 du Code civil, en se prévalant d'une négligence du bailleur dans le recouvrement de sa créance ayant provoqué un accroissement anormal de la dette et l'ayant mis dans l'impossibilité de faire face à ses obligations (CA Paris, 16e ch. A, 25 avr. 2001, n° 1999/01031 : JurisData n° 2001-144166).

Ainsi, il a été jugé que le bailleur qui attend un an pour délivrer au cessionnaire un commandement de payer visant la clause résolutoire laissant ainsi s'accumuler la dette ne pourra engager la garantie du cédant que pour les trois premiers termes impayés et sera ainsi déchargé du dernier trimestre (CA Paris, 16e ch. A, 2 mars 2005, n° 03/18346 : JurisData n° 2005-279128).

En cas de procédure collective, le bailleur doit déclarer sa créance, à défaut sa créance sera éteinte par application de l'article L. 621-46 du Code de commerce (CA Grenoble, 2e ch. civ., 10 déc. 2007, n° 05/04760 : JurisData n° 2007-365267).

Le bailleur doit mettre en œuvre la garantie en toute bonne foi, ainsi tel n'est pas le cas d'un bailleur qui, après avoir obtenu dans le cadre d'une instance antérieure le paiement par la société garante des loyers impayés, sollicite à nouveau l'exécution par le cédant de son obligation de garant solidaire pour les loyers ultérieurs, alors que le bailleur savait que le cessionnaire avait mis fin à son activité.

En dehors de ces hypothèses, le cédant est tenu de cette garantie.

 

Je me tiens à votre disposition pour tous renseignements et contentieux.

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Joan DRAY
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1 Publié par Visiteur
03/03/2015 10:16

Est-ce une clause d'ordre public ?

2 Publié par Visiteur
28/09/2015 23:45

Bonsoir,

nous sommes deux étudiants italiens qui vont commencer le master 1 à Lille. Nous sommes en train de prendre une maison avec un contrat solidaire. Nous sommes 5 personnes dans la maison et notre agence nous a imposé 2 garants qui doivent garantir le paiements de tous les locataires en cas de non paiement. Ma copine et moi avons trouvé un garant et une autre locataire a trouvé le deuxième garant. Mon garant doit garantir pour tous mais il se fie seulement de ma copine et moi. Question: Comment on peut se resoudre une situation de ce type? Est-ce que on peut joindre une clause qui facilite mon garant? En résumé, mon garant voudrait la sécurité de ne pas payer pout tous un jour... Il le ferait pour nous (ma copine et moi) mais pas pour tous... Est-ce que vous pouvez m'aider?

3 Publié par Visiteur
15/12/2016 17:11

Bonjour Maître,
pouvez-vous avoir l'obligeance de m'aider. Je me pose la question de principe suivante : La clause de garantie solidaire, jouant entre un cédant et un acquéreur de fonds de commerce vis-à-vis du bail commercial, peut-elle s’appliquer à une cession de bail simple ? Avec mes remerciements anticipés

4 Publié par Visiteur
05/04/2017 22:01

Bonjour Maître,

J'ai cédé mon fond de commerce (épicerie) en avril 2016. Dans mon bail, il était stipulé qu'en cas de cession je serai caution solidaire. L'acquéreur de mon mon commerce ne donne plus signe de vie et le magasin est fermé depuis plusieurs semaines. Pour info, les propriétaires des murs sont des personnes physiques (qui font gérer leur bien par une agence) et mon repreneur s'est installé en nom propre.
L'agence gestionnaire m'a fait parvenir par courrier simple (sans recommandé) daté du 30/03/17 et affranchi le 31/03/17 une mise en demeure me demandant de régler les loyers non perçus du 4°trimestre 2016 et du 1er trimestre 2017.
Pouvez-vous me répondre en ce qui concerne les questions suivantes :
Les propriétaires étant des personnes physiques,ont-ils une obligation d'information annuelle des cautions?
La mise en demeure peut-elle être envoyée en courrier simple?
Dans la mesure où en tant que caution je règle les loyers en retard, cela me confère-t-il des droits sur l'accès au magasin, sur la propriété de la marchandise, ... ?
De quelle façon je peux me retourner contre mon successeur?
Merci pour vos réponses.
Cordialement

5 Publié par Visiteur
26/05/2017 00:19

Cher maître, j'ai vendu mon fond de commerce et le repreneur n'a pas de clients. Dans mon bail, il était stipulé qu'en cas de cession je serai caution solidaire. Je me méfie, qu'est-ce que je doit faire? Lui aider?

6 Publié par Visiteur
24/09/2017 13:41

Bonjour Maître j'ai vendu mon fond de commerce le 22/11/2012 et depuis le 01/02/17 la société qui l'avait racheté est en liquidation judiciaire 6 mois plus tard je recois un courrier du propriétaire me demandant de payer les loyers impayés (de fevrier17 a aujourd'hui) vu que j'étais caution solidaire.
est il normal que je ne soit pas au courant de cette liquidation avant aujourd'hui et qu'on laisse accumuler la dette pour me la demander 6 mois plus tard
mon propriétaire ne devrait il pas passer par le mandataire judiciaire pour me demander une telle chose et dois je absolument payer et si oui puis je le faire en plusieurs fois merci

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