Société créée de fait et concubinage

Publié le 02/10/2012 Vu 68 794 fois 6
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

La société créée de fait est « la situation dans laquelle deux ou plusieurs personnes se sont comportées en fait comme des associés, sans avoir exprimé la volonté de former une société » (G. Ripert et R. Roblot, Traité de droit commercial, t. 1). Depuis Loi du 4 janvier 1978, la société crée de fait est soumise au même régime que celui de la société de participation (art.1873 du code civil). Les difficultés pour distinguer la société créée de fait (I-) des autres contrats sont aggravées lorsqu'il s'agit de personnes vivant en commun (II-).

La société créée de fait est « la situation dans laquelle deux ou plusieurs personnes se sont comportées

Société créée de fait et concubinage

La société créée de fait est « la situation dans laquelle deux ou plusieurs personnes se sont comportées en fait comme des associés, sans avoir exprimé la volonté de former une société » (G. Ripert et R. Roblot, Traité de droit commercial, t. 1).

 

Depuis Loi du 4 janvier 1978, la société crée de fait est soumise au même régime que celui de la société de participation (art.1873 du code civil).

 

Les difficultés pour distinguer la société créée de fait (I-) des autres contrats sont aggravées lorsqu'il s'agit de personnes vivant en commun (II-).

 

I – Les éléments caractéristiques de la société créée de fait

L'existence d'une société créée de fait suppose que celui qui l'invoque rapporte la preuve de l'ensemble des éléments constitutifs du contrat de société (art. 1832 du Code civil) : des apports réciproques, une intention de s'associer dans une entreprise commune et la volonté de partager les bénéfices et les pertes (CA Colmar, 1re ch. civ., sect. A., 26 juin 2008)

 

« La société est instituée par deux ou plusieurs personnes qui conviennent par un contrat d’affecter à une entreprise commune des biens ou leur industrie en vue de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. [...] Les associés s’engagent à contribuer aux pertes » (art.1832 du Code civil).

 

A/ Les apports

Les apports peuvent être effectués à n'importe quel moment de l'existence de la société créée de fait (Cass. civ., 6 oct. 1965).

 

Ces apports peuvent être en nature, en numéraire ou en industrie (Cass. com., 8 juin 1971).

 

Toutefois, l'apport en industrie ne consiste pas en de simples tâches d'exécution matérielle, mais en la participation non seulement aux activités productives de la société, mais aussi à sa direction effective (CA Paris, 9 nov. 1992, no 91.012375).

 

Autre précision, un prêt ne constitue pas un apport en l'absence de participation aux pertes et aux bénéfices par le prêteur (CA Paris, 28 sept. 1999, no 1997/08912).

 

B/ La réalisation et le partage des bénéfices ou la réalisation d'un profit

Un groupement qui n'est pas constitué en vue de réaliser des bénéfices ne saurait constituer une société de fait (CA Colmar, 17 avr. 1974).

 

C/ L’affection societatis

La société créée de fait suppose l'existence d'une affectio societatis.

 

L’affectio societatis consiste en la volonté de créer et de faire fonctionner une société d'une façon effective et pour compte commun.

 

La société créée de fait suppose l'existence d'une affectio societatis.

 

L’affectio societatis consiste en la volonté de créer et de faire fonctionner une société d'une façon effective et pour compte commun.

 

Ce troisième élément est primordial d’apporter la preuve de cet élément en raison du caractère souvent imprécis des autres éléments car il n'est en effet pas facile de distinguer : apport en industrie et travail subordonné ou participation aux bénéfices et rémunération.

 

Le tiers pourra se prévaloir de l'existence d'une société créée de fait s'il démontre, de bonne foi, qu'il a été amené à croire à l'existence de la société en raison de l'apparence (Cass. com., 15 nov. 1994).

 

 

II – Société créée de fait et époux / concubins

 

La jurisprudence distingue traditionnellement les sociétés créée de fait entre époux (A/) et les sociétés créées de fait entre concubins (B/).

 

A/ Société créée de fait et époux

Il y a société de fait entre époux lorsque deux époux ont la volonté de s'associer sur un pied d'égalité pour l'exercice d'une activité commune, ainsi que de contribuer aux bénéfices et aux pertes (Cass. com., 27 févr. 1996, no 94-14.568).

 

Cette volonté doit être distincte de la mise en commun d'intérêts inhérents au concubinage (Cass. 1re civ., 20 janv. 2010).

 

L'implication de l'épouse dans l'entreprise de son conjoint, avec lequel elle est mariée sous le régime de la séparation des biens ne peut caractériser l’existence de la société créée de fait, en l'absence de volonté commune des époux de s'associer sur un pied d'égalité (défaut de participation de l'épouse à la responsabilité de la gestion du fonds – Cass. 1re civ., 3 déc. 2008).

 

B/ Société créée de fait et concubinage

La communauté d'intérêts liant deux concubins ne suffit pas à donner naissance à une société créée de fait, en l'absence d'une intention de mettre en commun tous les produits de l'activité conjointe, et d'en partager les bénéfices ou les pertes.

 

L'existence d'une société créée de fait entre concubins ne peut être caractérisée uniquement par :

  • La participation financière à la réalisation d'un projet (Cass. com., 3 avr. 2012, n° 11-15.671)
  • La participation financière à l'édification ou la rénovation de l'immeuble dans lequel vivaient les concubins (Cass. 1re civ., 20 janv. 2010, n° 08-13.200)
  • La mise en commun de revenus inhérents à la vie maritale (CA Nîmes, 1re ch., sect. A., 15 avr. 2008)
  • La communauté de vie accompagnée d'une participation aux travaux d'une exploitation agricole (Cass. 1re civ., 4 juin 2007)

 

Pour constituer une société créée de fait, les concubins doivent avoir tacitement conclu et exécuté une convention comportant des apports, un partage de bénéfices et l'affectio societatis (Cass. 1re civ., 11 févr. 1997).

 

L'intention des concubins de collaborer sur un pied d'égalité à un projet commun doit être établie (Cass. 1re civ., 20 janv. 2010, n° 08-13.200).

 

Les apports en industrie ne peuvent se ramener à une aide occasionnelle ou à de simples tâches d'exécution matérielle mais doivent constituer une participation à la direction effective de la société (CA Paris, 15 nov. 1993, no 92/4599).

 

Je me tiens à votre disposition pour tous renseignements et contentieux.

Vous pouvez me poser vos questions sur conseiller juridique.net : http://www.conseil-juridique.net/joan-dray/avocat-1647.htm

Joan DRAY
Avocat à la Cour
joanadray@gmail.com

76/78 rue Saint-Lazare

75009 PARIS

 tel:09.54.92.33.53

FAX: 01.76.50.19.67

Vous avez une question ?
Blog de Maître Joan DRAY

Joan DRAY

150 € TTC

400 évaluations positives

Note : (5/5)

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Visiteur
01/11/2016 22:04

bonjour maître, j'aimerais connaitre les similitudes et differences entre la Société de fait , société créée de fait et la société en formation. merci d'avance

2 Publié par ines aoustin
10/11/2016 13:47

Bonjour Maître,
Je suis séparée depuis 2 ans et mon concubin à conservé l'entreprise que nous avions pris ensemble, j'ai signé conjointement le bail commercial en 2012.
Quels sont mes droits et obligations dans cette affaire.
Je vous remercie par avance.

3 Publié par bagio
15/11/2016 14:01

e veux une aide ou des explications concernant mon cas set sont comme suit :

1 - j'ai un registre de commerces de mon grand père

signé par le greffier de tribunal de commerce en 01/1963 et mentionnée nationalité françaises.

2 - j'ai un 2 registre de commerce toujours de mon grand père mais radiation datée en 1974 signe par le greffier de tribunal de commerce et nationalité toujours françaises.

4 Publié par bagio
15/11/2016 14:02

je veux des explications concernant mon cas set sont comme suit :

1 - j'ai un registre de commerces de mon grand père

signé par le greffier de tribunal de commerce en 01/1963 et mentionnée nationalité françaises.

2 - j'ai un 2 registre de commerce toujours de mon grand père mais radiation datée en 1974 signe par le greffier de tribunal de commerce et nationalité toujours françaises.

5 Publié par Visiteur
12/09/2017 02:51

Une concubine peut-elle jouir des biens de son concubin en cas de séparation en se fondant sur l'existence d'une société de fait si elle justifie qu'elle a apporté un concours financier à celui-ci pour agrandir son atelier?

6 Publié par coccin
18/06/2023 14:41

Bonjour,
J'ai vécu en concubinage, puis pacs sans contrat (après 2007) avec la même personne. J'ai geré la partie administrative et comptable de son entreprise individuelle tout le temps, sans salaire, et au détriment de ma carrière professionnelle pendant 30 ans. Cette personne a décidé de se séparer en 2022, me laissant quasiment sans ressources pour la retraite, puisque je n'ai pas assez cotisé, et tous les placements prévus pour nos vieux jours étaient en assurance vie et assurance retraite à son nom, dont j'étais bénéficiaire sans les avoir acceptés (la confiance!). De plus, cette personne a elle une retraite normale, mais estime ne pas avoir à me dédommager pour le travail que j'ai effectué, car je cite " cela ne rapportait pas d'argent, j'aurais pu le faire moi même , c'est toi qui a bien voulu, qui prouve que tu faisais qqchose ce n'est pas parce que tu apportais les factures , dossiers ect que tu les faisais...) mauvaise foie absolue.
Quelles sont les possibilités d'obtenir un dédommagement pour le travail que j'ai réalisé, quelle type de procédure doit être engagée, dans quel domaine de droit, et surtout où trouver les avocats compétents dans ce cas?
En vous remerciant

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.