Réparation du dommage proportionnellement à la gravité de la faute

Publié le Modifié le 14/02/2011 Vu 7 390 fois 1
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Lorsque plusieurs personnes sont à l’origine d’un même dommage, la Cour a estimé qu’il fallait tenir compte « du rôle causal direct » de chacun dans la réalisation du dommage (thèse du conducteur) et non diviser le montant de l’indemnité par le nombre de coobligés (thèse de l’hôpital).

Lorsque plusieurs personnes sont à l’origine d’un même dommage, la Cour a estimé qu’il fallait tenir

Réparation du dommage proportionnellement à la gravité de la faute

Réparation du dommage proportionnellement à la gravité de la faute

Civ.2 e, 13 janvier 2011, pourvoi n° 09-71.196

Les faits

Une femme, passagère de la voiture conduite par son mari, est blessée à la suite d’un accident de la circulation. Elle subit une intervention à l’hôpital de Neuchâtel en Suisse, et demeure aujourd’hui paraplégique. Pour être indemnisée, elle assigne son mari et son assureur (Maaf) en responsabilité. Ces derniers l’indemnisent et se retournent contre la ville de Neuchâtel et son assureur (Axa Winterthur).

La décision

Retenant qu’une faute médicale avait été commise lors de l’intervention chirurgicale, la cour d’appel d’Agen (arrêt du 26 mai 2009) a condamné la ville de Neuchâtel et AXA Winterthur à payer plus d’un million d’euros à la Maaf, au titre des sommes versées à la victime. Les juges du fond ont retenu que « si l’opération avait été rendue nécessaire par l’accident » causé par le mari, c’est « l’opération mal réalisée » qui était à l’origine de la paraplégie. Et d’ajouter que « la faute de monsieur n’avait joué aucun rôle dans l’apparition de cette paraplégie ».

La Cour de cassation sanctionne cette décision : « La contribution à la dette de réparation du dommage, subi par la victime d’un accident de la circulation, entre un conducteur impliqué dans l’accident et un autre coobligé fautif a lieu en fonction de la gravité des fautes respectives de chacun ».

Commentaire

Lorsque plusieurs personnes sont à l’origine d’un même dommage, la Cour a estimé qu’il fallait tenir compte « du rôle causal direct » de chacun dans la réalisation du dommage (thèse du conducteur) et non diviser le montant de l’indemnité par le nombre de coobligés (thèse de l’hôpital). Dans cette affaire, le conducteur de la voiture devra donc réparer les conséquences liées à l’accident et l’hôpital, celles liées à l’intervention, c'est-à-dire la paraplégie. Chacun contribue à la réparation du dommage proportionnellement à la gravité de sa faute. Cette solution, logique en apparence, suscite toutefois quelques remarques : d’une part, le conducteur se voit, de fait, déresponsabiliser puisque l’intervention médicale s’est faite sans lui. Or, sans son fait de conduite l’acte médical n’aurait pas eu lieu. D’autre part, il sera difficile d’appliquer ce raisonnement lorsque les circonstances exactes d’un accident impliquant plusieurs personnes ne seront pas déterminées. Le « quantum » de dette de chacun devra être fixé par les juges au cas pas cas. Par ailleurs, en visant les articles 1251 et 1382 du code civil dans sa décision, la Cour confirme qu’en cas d’accident de la circulation suivi d’une faute médicale, le recours s’exerce sur le fondement du droit commun (et non de la loi Badinter).

Extrait de l'argus de l'assurance parution du lundi 14 février 2011

Vous avez une question ?

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Visiteur
28/02/2011 20:16

Entre la théorie de l'équivalence des conditions et la causalité adéquate, laquelle choisir?

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.