L’octroi de délais de paiement

Publié le 26/03/2012 Vu 85 758 fois 14
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Si en principe, le débiteur doit s’acquitter des sommes mise à sa charge par un jugement de condamnation, il se peut que ce dernier soit, compte tenu de sa situation, dans l’impossibilité de s’exécuter. Dans un tel cas, le débiteur peut solliciter du juge des délais de paiement. En effet, l’article 1244-1 du Code civil dispose que « compte tenu de la situation du débiteur et en considération des besoins du créancier, le juge peut, dans la limite de deux années, reporter ou échelonner le paiement des sommes dues ». L’octroie de délai de paiement a pour effet d’interdire tout acte d’exécution à l’encontre des biens du débiteur. Toutefois, il ne fait pas obstacle aux mesures conservatoires. Ainsi, le créancier demeure en droit de prendre toutes mesures propres à sauvegarder ses intérêts. Cet article a pour objet de rappeler les conditions d’octroi des délais de paiement (1) ainsi que de préciser les particularités de la décision du juge en la matière (2).

Si en principe, le débiteur doit s’acquitter des sommes mise à sa charge par un jugement de condamnation,

L’octroi de délais de paiement

Si en principe, le débiteur doit s’acquitter des sommes mise à sa charge par un jugement de condamnation, il se peut que ce dernier soit, compte tenu de sa situation, dans l’impossibilité de s’exécuter.

Dans un tel cas, le débiteur peut solliciter du juge des délais de paiement.  

En effet, l’article 1244-1 du Code civil dispose que « compte tenu de la situation du débiteur et en considération des besoins du créancier, le juge peut, dans la limite de deux années, reporter ou échelonner le paiement des sommes dues ».

L’octroie de délai de paiement a pour effet  d’interdire tout acte d’exécution à l’encontre des biens du débiteur. Toutefois, il ne fait pas obstacle aux mesures conservatoires. Ainsi, le créancier demeure en droit de prendre toutes mesures propres à sauvegarder ses intérêts.

Cet article a pour objet de rappeler les conditions d’octroi des délais de paiement (1) ainsi que de préciser les particularités de la décision du juge en la matière (2).

 1/ Les conditions d’octroi des délais de paiement :

Tous les débiteurs ne sont pas en droit d’obtenir des délais de paiement.

Ainsi, il résulte tant de la loi que de la jurisprudence que seul le débiteur malheureux et de bonne foi peut prétendre obtenir de tels délais.

Le débiteur malheureux est celui qui a des difficultés réelles du fait de circonstances indépendantes de sa volonté ; celles-ci ne lui permettent pas de se libérer immédiatement (Cass. Com 30 avril 1968: Bull civ III n° 213).

Tel est le cas, par exemple, d'une personne âgée percevant une faible retraite et titulaire d'une carte d'invalidité (CA Orléans 5 mai 1992 : JurisData n° 043085) ou d’une personne en divorce justifiant d'une situation financière critique (CA Versailles 6 juin 1989 : JurisData n° 045730).  

En revanche, les délais de paiement seront refusé au débiteur dont les revenus sont corrects et qui entretient un bateau et trois voitures (CA Orléans 18 mars 1997 : JurisData n°040231).  

Le débiteur de bonne foi est celui qui a démontré, par son attitude, qu'il désirait se libérer, en faisant son possible pour améliorer sa situation.

Tel sera le cas du preneur auquel est reproché un défaut d'exploitation et qui a régularisé sa situation administrative (CA Paris 27 mai 1992 : JurisData n° 021366)  ou de celui qui a réalisé son patrimoine immobilier pour régler son dû (CA Orléans 9 octobre 1990 : JurisData n° 050830).

En revanche, le débiteur qui a abusivement tardé à régler sera considéré comme de mauvaise foi (CA Montpellier 30 mai 1990 : JurisData n° 001861).  

Il en est de même du débiteur qui malgré une exécution provisoire ne règle rien et ne fait aucune proposition de paiement (CA Limoges 13 février 1997 : JurisData n° 042439).

En règle générale, les juridictions considèrent enfin qu'il faut que le débiteur soit encore in bonis, estimant que, s'il ne possède plus rien, sa demande est sans objet.

Par ailleurs, il convient de noter qu’il existe des textes qui prévoient l'octroi de délais de grâce.

Ainsi, en vertu de l’article L145-41 du Code de commerce, le juge peut suspendre les effets de la clause résolutoire prévue dans un bail commercial.  

A l’inverse, il est des domaines où l’octroie de délais de grâce est interdit.

A cet égard, l’article 1244-1 du Code civil interdit, par exemple, tout délai de grâce en matière de dettes alimentaires.

De même, l’article L613-1 du Code de la construction et d l’habitation prévoit que le locataire expulsé ne peut en obtenir lorsque le bailleur qui ne peut se loger reprend les lieux pour les habiter.

2/ La décision du juge :

Les juges disposent, en la matière, d’un pouvoir souverain pour l’accorder ou le refuser.

Toutefois, leur liberté n'est pas totale. Ils doivent, en effet, motiver leur décision et le débiteur qui s’est vu refusé des délais de paiement dispose d’une voie de recours contre cette décision.

En outre, dans certains cas, la loi interdit au juge d’octroyer des délais de paiement (art 512 CPC).

Tel est le cas lorsque les biens du débiteur sont saisis par d’autres créanciers.

Il faut assimiler à cette hypothèse celle de la déconfiture du débiteur c'est-à-dire le cas où il n'est plus susceptible de remplir ses engagements alors même qu'il n'est ni soumis à une procédure collective ni encore saisi par les créanciers mais seulement objet de leur mise en demeure.

Enfin,  il est interdit au juge d’octroyer des délais au débiteur qui est mise en liquidation judiciaire. Cette solution résulte de l’article 622 du Code de commerce qui dispose que le jugement qui ouvre ou prononce la liquidation judiciaire rend toutes les créances exigibles. Dès lors, le le débiteur perd le bénéfice du délai de grâce qui aurait pu lui être accordé et ne peut évidemment en obtenir un s'il ne l'avait pas encore.

Pour conclure, il convient de rappeler que le délai de grâce court à compter du jugement l’accordant lorsque celui-ci est contradictoire et du jour de sa notification lorsqu’il ne l’est pas (art 511 CPC).

 

Joan DRAY
Avocat à la Cour
joanadray@gmail.com

76/78 rue Saint-Lazare

75009 PARIS

tel:09.54.92.33.53

 

 

Vous avez une question ?
Blog de Maître Joan DRAY

Joan DRAY

150 € TTC

403 évaluations positives

Note : (5/5)

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Visiteur
15/01/2014 16:49

L'arrêt Cass. Com 30 avril 1968: Bull civ III n° 213 est introuvable, pourriez vous m'aidez?

2 Publié par Visiteur
24/02/2014 14:36

Merci vous m' avez sauvée.

3 Publié par Visiteur
30/12/2014 14:25

Bonjour,
Nous avons, mon compagnon et moi, contracté en octobre 2008, un prêt (en fait 3 prêts différents) pour l'achat de notre résidence principale. La situation professionnelle de mon compagnon s'est dégradée et nous fonctionnons (nous avons 1 enfant) principalement sur mon salaire pour le prêt, les prélèvements des charges mensuelles, etc. Je suis fonctionnaire territorial de catégorie C, ce qui ne va pas loin... Nous avons toujours réussi, grâce à l'aide ponctuelle de mes parents, à rembourser le prêt, payer les factures, etc, toutefois depuis 2 mois, nous sommes asphyxiés par les agios, les frais de refus des prélèvements et le peu qui rentre part dans les frais bancaires. Nous avons sollicité notre conseillère par 2 fois pour lui demander de revoir les intérêts du prêt pour alléger les mensualités mais réponse négative.
Nous avons entendu parler il y a quelques jours des articles L. 313-12 du code de la consommation et 1244-1 du code civil qui permettrait de nous laisser souffler ! Quelle est la marche à suivre : en parler avec la banque ou bien voir cela avec le tribunal d'instance directement ?
Merci mille fois pour votre réponse.
Cordialement.

4 Publié par Visiteur
02/03/2016 13:13

bonjour

votre analyse passe sous silence la seconde partie de la phrase:

"et en considération des besoins du créancier"

c'est un oubli ou c'est volontaire, disons par absence de jurosprudence sur ce point??

5 Publié par Visiteur
11/04/2016 11:45

Bonjour mon compagnon à une saisie attribtion sur son compte mais le prénom n est le même que sur le compte comment ça va se passer merci

6 Publié par Visiteur
16/02/2017 13:07

Bonjour,

J'été condamné à payer à mon employeur une somme au titre de l'article 700 du CPC, entre temps, j'ai changé de département.Je me trouve actuellement dans l'incapacité de payer cette somme. Puis-je demander un paiement échelonnée sur plusieurs mois? Aussi, j'ai vu que je dois faire une demande auprès du juge, mais je ne sais pas si je dois le faire au juge de mon lieu de résidence actuelle ou celui du tribunal du département du lieu de résidence de mon adversaire? Merci de votre réponse. Bien cordialement.

7 Publié par Visiteur
08/01/2018 01:31

les articles 1244-1 et suivants du Code Civil. on été abrogés...
blog a revoir

8 Publié par Visiteur
08/01/2018 01:33

remplacé par article 1343-5

9 Publié par Visiteur
09/01/2018 05:08

Bonjour,
J’ai une dette locative qui a atteint 20000 euros du fait de la perte d’emploi de mon conjoint.
Nous sommes assignées et je souhaite proposer un paiement échelonné car notre situation s’est améliorée.
Nous pouvons payer 500 euros par mois en plus du loyer en cours.
Pensez vous que le juge puisse accepter notre demande? Nous avons un enfant scolarisé et nous souhaitons garder l’appartement

10 Publié par Visiteur
18/05/2018 12:53

Bonjour,mon père vient de être condamné à une exécution provisoire pour 45000e d un crédit sofinco,l avocate au mois de septembre avait lancer une procédure contre l injonction de payer mais comme elle ne avait pas tous les documents elle a demandé un renvoi de l affaire,elle avait dis qu elle reviendrai vers nous quand elle aurait la nouvelle date,donc depuis décembre pas de nouvelle, elle m'a avait que cela serait long, aujourd'hui nous sommes le 18 mai et je viens de avoir la visite de un huissier qui me dit le jugement à était rendu le 5 mars et qu il est condamné à l exécution provisoire et que je avais du être prévenu par l avocate,mais je ai appris par le greffe du tribunal qu elle s était défait des affaire depuis décembre. Donc personne ne nous a représenté à la audience,que puis je faire pour trouver une solution car il n'a pas cette somme et on ne peut faire appel si on ne paye pas.je ai proposé à la huissier, un échéancier.je attend une réponse.on ma conseiller de faire un dossier de surrendettement. Car on veut tout lui saisir et même la vieille maison délabré. Il. A 70ans et il est malade. Je sais pas quoi faire, à l aide sep.merci

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

Rechercher
A propos de l'auteur
Blog de Maître Joan DRAY

Avocat et rédactrice de plusieurs articles juridiques

 je propose de vous conseiller et/ou vous défendre efficacement devant toutes les juridictions. 

joanadray@gmail.com  09 .54 .92.33.53

Consultation en ligne
Image consultation en ligne

Posez vos questions juridiques en ligne

Prix

150 € Ttc

Rép : 24h max.

403 évaluations positives

Note : (5/5)
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles