Licenciement en cas d’abandon de poste après une maladie

Publié le 04/01/2012 Vu 45 265 fois 19
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

La maladie du salarié n’emporte en principe qu’une suspension du contrat de travail, et sa rupture par exception. Dans le cas du licenciement, l’existence d’une cause réelle et sérieuse ne manquera pas d’être débattue, notamment dans le cadre de l’appréciation de l’ « abandon de poste » que nous étudierons dans cet article. En principe, le licenciement d'un salarié en raison de son état de santé ou de son handicap est discriminatoire, à moins que l’inaptitude du salarié ne soit constatée par un médecin du travail. Ainsi, l’employeur souhaitant licencier un salarié malade doit suivre une procédure spéciale. Après avoir rappelé ces règles, nous nous concentrerons sur le cas de l’abandon de poste à l’issue d’un congé maladie.

La maladie du salarié n’emporte en principe qu’une suspension du contrat de travail, et sa rupture par ex

Licenciement en cas d’abandon de poste après une maladie

La maladie du salarié n’emporte en principe qu’une suspension du contrat de travail, et sa rupture par exception.

Dans le cas du licenciement, l’existence d’une cause réelle et sérieuse ne manquera pas d’être débattue, notamment dans le cadre de l’appréciation de l’ « abandon de poste » que nous étudierons dans cet article.

En principe, le licenciement d'un salarié en raison de son état de santé ou de son handicap est discriminatoire, à moins que l’inaptitude du salarié ne soit constatée par un médecin du travail.

Ainsi, l’employeur souhaitant licencier un salarié malade doit suivre une procédure spéciale.

Après avoir rappelé ces règles, nous nous concentrerons sur le cas de l’abandon de poste à l’issue d’un congé maladie.

La procédure en cas de licenciement d’un salarié malade

Le salarié malade ne peut être licencié pour ce motif que si l'absence prolongée ou les absences répétées du salarié pour maladie provoquent des perturbations dans le fonctionnement de l'entreprise et qu'elles rendent nécessaire le remplacement définitif de l'intéressé (Cass. soc. 13-3-2001 n° 99-40.110).

Ce ne sera cependant logiquement pas une cause de licenciement si elles sont la conséquence d'un harcèlement moral subi par le salarié (Cass. soc. 11-10-2006 n° 04-48.314).

Ainsi, si vous estimez que la dégradation de votre état de santé peut être due au harcèlement moral que vous subissez, veillez à en avertir le médecin du travail.

La lettre de licenciement revêt une importance particulière, puisqu’elle doit mentionner la perturbation du fonctionnement de l'entreprise, celle du service n'étant pas suffisante (Cass. soc. 2-12-2009 n° 08-43.486), et la nécessité du remplacement du salarié (Cass. soc. 19-10-2005 n° 03-46.847).

Le caractère définitif de cette nécessité sera apprécié par les juges du fond (Cass. soc. 10-11-2004 n° 02-45.187).

En cas d’inaptitude physique constatée par le médecin du travail, l’employeur doit, avant tout licenciement, rechercher les possibilités de reclasser l'intéressé dans un emploi compatible avec son état de santé.

L'inspecteur du travail saisi d'une demande d'autorisation de licenciement contrôle, les efforts de reclassement fournis par l'employeur (Cass. soc. 10-11-2009 n° 08-42.660).

Dans le cas où le salarié peut reprendre son travail à la suite d’un arrêt maladie, son refus peut entraîner son licenciement immédiat et sans indemnités pour abandon de poste.

Le refus de reprendre le travail au terme d’un arrêt maladie est un abandon de poste justifiant le licenciement du salarié

Le salarié qui a été déclaré apte à la reprise de son poste par le médecin du travail doit réintégrer son emploi, à moins qu’il ne soit dans l’attente d’un certificat de prolongation (voir par exemple Cass. soc. 11 janvier 2006 n° 04-41.231).

Lorsque le salarié s’abstient de reprendre le travail alors qu’il en a été jugé apte par le médecin du travail, et que l’employeur lui en a formellement fait la demande, il commet une faute grave (Cass. soc. 30 mai 2007 n° 06-41.385).

Cette faute grave justifie le licenciement du salarié, comme la Cour de cassation a récemment eu l’occasion de le démontrer (Cass. soc. 20 octobre 2011 n° 10-24.059, Demir c/ Sté Saint Jean industries).

En l’espèce, un salarié avait subi une longue maladie justifiant un arrêt de travail.

Le médecin du travail avait ensuite déclaré que le salarié était redevenu apte à la reprise de son emploi.

Cependant, le salarié restait absent et n’avait pas réintégré son poste, en conséquence de quoi son employeur lui envoya à deux reprises une mise en demeure de reprendre le travail.

Ces mises en demeure restant sans réponse, l’employeur prononça ensuite un licenciement pour faute grave.

L’arrêt d’appel accueille les arguments de l’employeur et confirme le licenciement pour faute grave.

La Cour de cassation suit la Cour d’appel au motif que bien qu’ayant été déclaré apte à son emploi par le médecin du travail,  le salarié « n'avait pas repris le travail en dépit de deux mises en demeure de son employeur sans donner de justification de son absence », l’employeur avait pu décider que son comportement rendait impossible son maintien dans l'entreprise et constituait une faute grave.

Il importe ici de souligner que l’employeur avait fait preuve de diligence en faisant parvenir deux lettres de mise en demeure au salarié, restées sans réponse.

Autre cas d’abandon de poste

Dans l’affaire précédente, le salarié n’avait pas souhaité justifier son refus de reprendre le travail.

Mais un arrêt de 2005 illustre la situation dans laquelle le salarié refusait de réintégrer son poste, malgré les mises en demeure adressées par son employeur, en raison de manquements qu’il reprochait à son employeur (Cass. soc. 7 juin 2005 n° 1352, Piétri c/ AAH).

Ces faits reprochés par le salarié à son employeur sont appréciés souverainement par les juges du fond.

Ainsi, ils qualifieront le licenciement comme étant sans cause réelle et sérieuse s’ils estiment que l’abandon de poste du salarié est justifié par les manquements de l’employeur à ses obligations.

Mais s’ils décident de ne pas retenir les arguments du salarié, le salarié sera alors considéré comme ayant abandonné son poste sans raison valable et l’employeur pourra procéder à un licenciement immédiat et sans indemnités.

En conséquence, si vous estimez être en droit de ne pas reprendre votre travail à l’issue d’un arrêt maladie, veillez à ce que les arguments que vous déploierez pour justifier des manquements de l’employeur à ses obligations soient suffisants pour emporter la conviction des juges.

Dans le cas contraire, vous pourriez être reconnu coupable d’un abandon de poste et privé de vos indemnités de licenciement.

Mon Cabinet est à votre disposition pour tous contentieux et conseils.

Joan DRAY
Avocat à la Cour
joanadray@gmail.com

76-78 rue Saint-Lazare
75009 -PARIS
TEL:01.42.27.05.32
FAX: 01.76.50.19.67

 

Vous avez une question ?
Blog de Maître Joan DRAY

Joan DRAY

150 € TTC

403 évaluations positives

Note : (5/5)

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Visiteur
25/11/2016 11:28

Bonjour je suis en CDD depuis mai, en arrêt maladie depuis 3 mois.Convoquée par mon employeur je n'ai pas pu me rendre à l'entretien. Après m'y être rendu j'apprends que je suis licencié pour abandon de poste... Ils me doivent encore de l'argent et mon contrat devait se terminer en décembre que faire ?

2 Publié par Visiteur
03/01/2017 11:14

Bonjour,

Je suis en cdi et depuis un peu plus d'un mois je suis en arret de travail suite à du harcèlement moral de mon employeur. Je ne veux pas y retourner et je ne veux pas demissionner. Je vais lui demander une rupture conventionnelle mais je connais déjà la réponse d'avance. Si il refuse quoi faire? J'angoisse je pleure j'ai perdu du poids et je n'arrive pas à reprendre. Merci de votre aide

3 Publié par Visiteur
06/01/2017 13:42

Bonjour,
Je suis en arrêt de travail depuis le 13 mars 2016 suite à de multiples fractures du tibia péroné. Je suis arrêtée jusqu'au 17 février 2017. Je reçois ce jour une lettre recommandée avec AR pour mise en demeure de reprendre mon travail sous 10 jours !!! Pourquoi ce courrier puisque mon arrêt est jusqu'au 17 février ? Est ce légal ? que dois je faire ? car je ne suis pas sure de pouvoir reprendre non plus le 17 février ? Merci de votre aide

4 Publié par Visiteur
24/01/2017 19:14

Bonjour
J'étais en congé parental et je devais reprendre mon travail le 29 /07/2016 il y'a 6 mois maintenant que j'attend que mon employeur se manifeste rien je ne veux pas retournée je veux bien qu'ils me licencier je ne ç pas quoi faire

5 Publié par Visiteur
27/03/2017 10:49

bonjour je vais avoir une rupture conventionelle ou abandon de poste( est ce la meme chose pour la suite.
j'ai 59 ans cela fait 33 mois que je travail dans une entreprise avant j était conjoint collaboratrice de mon maris. j'ai 110 trimestre travailles qelle est ma situation avenir sachant que avant d'etre conjoint collaboratrice j'était salariee. merci

6 Publié par Visiteur
27/03/2017 10:51

merci pour votre reponse

7 Publié par Visiteur
24/07/2017 02:23

Bonsoir je suis en arret maladie pour troubles anxieux reactionnels suite a l harcelement morale de mes patrons.je dois voir le medecin du travail pour la reprise de mon poste mais rien que d y retourner j angoisse et je me rends malade.j ai fait deux demande de rupture conventionnelle et leur reponse etait non.je ne peux pas demissionner est ce que je peux faire un abandon de poste.merci de me repondre cordialement

8 Publié par Visiteur
13/09/2017 15:53

Bonjour, je suis en arrêt maladie depuis bientôt 6 mois, mon médecin référant ne veut pas que je reprenne mon travail, et le kiné non plus car récidive probable. Je pensais qu'après un arrêt de travail aussi important, je recevrai une convocation par la Médecine du Travail, mais rien. Aucune prise de contact avec mes employeurs ni mes collègues. Donc, de moi-même j'ai pris rv avec la Médecine du travail. Je suis une personne qui devrait être à la retraite pour le 1er janvier 2018.(dossier de retraite non effectué à ce jour). Quelles sont les opportunités que je peux saisir sachant que je ne suis pas spécialement bien vue par mes employeurs, et que je ne veux plus reprendre mon travail. Est-ce qu'un certificat d'inaptitude ou un abandon de poste pourrait justifier d'un licenciement. Merci pour toutes les réponses que vous pourriez m'apporter. Bien cordialement.

9 Publié par Minou91
29/06/2021 10:56

Bonjour je suis inapte définitif à mon poste, je ne suis pas retourné au travail et ils m ont envoyé un courrier pour absence irrégulière, ils vont me licencier pour abandon de poste, je ne comprends pas pourquoi ce n est pas un licenciement pour inaptitude

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles